Google est décidément partout, même là où on l'attend le moins. Fin novembre, les dirigeants du moteur de recherche le plus utilisé au monde ont annoncé vouloir investir " des centaines de millions de dollars " dans les énergies renouvelables. Il s'agira de plancher sur les technologies permettant de produire de l'électricité moins chère que celle générée par les centrales au charbon (et, partant, moins émettrice en gaz à effet de serre).
Les dirigeants de Google ont souligné le fait que le groupe californien était un gros consommateur d'énergie - au travers de ses énormes " fermes " de serveurs informatiques archivant une partie du " World Wide Web " -, et qu'il profiterait au premier chef de ce nouveau champ de recherche. " Les quantités d'énergie que les ordinateurs consomment dans le monde sont énormes. Notre but est de les réduire ", selon Nelson Mattos, vice-président de la recherche et développement (R & D) pour l'Europe chez Google.
L'initiative a néanmoins suscité des critiques dans les milieux financiers. Des analystes ont suggéré que, si le géant du Web continuait à se développer tous azimuts - logiciels de bureautique, cartographie numérique, téléphonie mobile, réseaux " sociaux " -, sa stratégie risquait de devenir illisible. Et que son cours de Bourse en pâtirait. Google avait beau disposer d'une énorme trésorerie (13 milliards de dollars fin septembre 2007), il ferait mieux de se concentrer sur son " métier " de base : le moteur de recherche en ligne et l'offre publicitaire associée, qui lui assurent l'essentiel de ses revenus.
Sur la blogosphère, d'autres ont trouvé très irritants ces " good guys " de Google qui, non contents de vouloir " organiser l'information du monde et la rendre accessible de façon universelle ", selon les termes de leurs deux fondateurs, Sergey Brin et Larry Page, prétendent maintenant sauver la planète.
Angélisme et cours de Bourse mis à part, pourquoi ne pas se réjouir qu'une entreprise aussi connue que Google dépense ses millions pour le climat ? Celles qui, de façon volontaire, ont annoncé vouloir investir autant pour une telle cause ne sont pas légion.
En 2006, en prenant tous les acteurs en compte (particuliers, entreprises, collectivités territoriales), les réductions volontaires de gaz à effet de serre n'ont atteint que 13 millions de tonnes dans le monde, selon la Mission climat de la Caisse des dépôts et consignations.
Google pourrait faire des émules. Alors que les dirigeants américains refusaient encore, mi-décembre, de s'engager à la conférence des Nations unies sur le climat, à Bali, sur des objectifs chiffrés de réductions d'émissions, ce sont peut-être les entreprises nationales qui montreront la voie à l'Etat fédéral.
Source : Le Monde